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Une chose attirera d’abord votre attention ; c’est la ressemblance frappante qui existe entre les procédés en vogue aujourd’hui, et ceux des Romains, dont nous retrouvons la description dans les écrits que nous ont laissés Varron et Columelle, sans compter les Géorgiques de Virgile, qui sont à la fois un curieux traité d’agriculture et un beau poème. J’insiste sur ce point, parce que c’est beaucoup moins dans la nouveauté des méthodes et les perfectionnements des instruments, que dans sa théorie sociale, qu’il faut désormais chercher l’avenir et la prospérité de l’agriculture.

D’abord nous voyons apparaître le système patriarcal comme l’appelle M. de Sismondi ; l’homme vagabond et nomade transporte sa tente où la nature lui sourit davantage. Il y a de la terre pour tous ceux qui arrivent. Il n’est pas nécessaire de se reporter à une époque antérieure au déluge pour se faire une idée d’une semblable constitution ; les Arabes et les Bédouins sont encore, au moment où je vous parle, errants avec leurs troupeaux. Mais un tel état de choses ne pouvait guère améliorer l’agriculture ; et tout au plus s’il convenait aux sociétés naissantes, peu nombreuses par rapport aux terres qu’elles occupaient ; aux peuples chasseurs il fallait de profondes forêts sans fin, aux bergers nomades il fallait d’immenses prairies, et l’on peut dire que dans ces temps primitifs les champs étaient plus dévastés qu’ils n’étaient cultivés. Pourtant ce système, que vous jugez sans peine comme l’antipode des progrès, nous le trouvons encore constitué en France, avec ses abus, bien qu’il