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vés, parce qu’il a des besoins moins impérieux, il est étranger aux jouissances des arts dont une instruction plus complète et plus variée fait mieux sentir le prix au premier ; mais il a sur celui-ci une supériorité incontestable, celle de l’indépendance, beaucoup plus grande pour le paysan que pour l’ouvrier. Celui-ci est placé constamment à la merci d’un entrepreneur et d’un propriétaire, pour son salaire et son logement, quand l’autre est presque toujours assuré de sa nourriture et ne peut jamais, comme le premier, être mis hors de son habitation, qui lui appartient d’ordinaire pour un terme en retard.

Telle est la condition naturelle de l’agriculture ; voici maintenant celle que les lois et les hommes lui ont faite.

Mère nourricière de tous les citoyens, la terre n’a le plus souvent trouvé en eux que des fils ingrats, qui ont négligé de satisfaire ses besoins.

Il lui fallait des capitaux et des avances pour améliorer son fonds : on lui en a laissé manquer.

Il fallait que ses travailleurs fussent instruits, au moins des premiers éléments de la science, afin de pouvoir suivre les progrès de l’industrie : on les a laissés dans l’ignorance ;

Il lui fallait de bonnes et nombreuses routes pour expédier ses produits sur les marchés où ils auraient pu trouver un placement avantageux : on les a laissés s’encombrer dans les granges, faute de routes et de chemins ;

Il lui fallait encore des machines, des découvertes, des inventions, pour défricher et cultiver