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et aussi pas de salut. M. de Sismondi a partagé, autant qu’un homme comme lui pouvait le faire, les opinions et les erreurs de l’école de Charles-Quint ; il a déclaré une guerre à mort au crédit, s’efforçant à montrer les partisans de ce système entraînés sur un plan incliné, au bout duquel se trouve un précipice sans fond. C’est dans cet esprit qu’il a publié ses deux derniers volumes d’études. Ricardo, de son côté, a voulu prouver que la monnaie n’est bonne à rien, et que la seule et véritable monnaie, la monnaie perfectionnée, c’est le papier.

Entre ces deux systèmes si opposés et tous deux si absolus, il y a sans doute place pour une opinion raisonnable. Des deux côtés, il y a beaucoup de vrai ; des deux côtés, il y a beaucoup de faux. Un pays sans crédit, sans banque, sans papier, c’est l’Espagne, dont la pauvreté est devenue proverbiale ; un autre pays, où le crédit est assis sur les plus larges bases, où les banqueroutes sont en très-grand nombre, où les plus petits achats se soldent avec de la monnaie de papier, c’est l’Amérique du Nord, qui s’est trouvée à deux doigts de sa perte ; car ses énormes richesses n’ont pu prévenir la crise, parce qu’elles étaient presque entièrement fictives.

Les opinions extrêmes, vous le savez, ont leur côté séduisant. Malthus formulait son opinion en une véritable équation algébrique, et ses disciples croyaient, en l’imitant, avoir de l’esprit et de la profondeur. Le même attrait a séduit les partisans de Ricardo et de M. de Sismondi. Toutefois, le