Page:Blanqui - Cours d’économie industrielle 1837-1838.djvu/183

Cette page a été validée par deux contributeurs.

où, par suite de la division du travail, chaque citoyen ne ferait qu’une seule chose, n’exercerait qu’une seule des professions, dont les produits sont nécessaires à l’homme ; il arriverait, dis-je, que le bottier, par exemple, qui aurait passé tout son temps à confectionner des chaussures, ne pourrait fournir sa maison de pain et de viande si le boucher et le boulanger n’avaient pas besoin de bottes ou de souliers juste au moment où il a, lui, besoin de pain.

Cette position serait la même pour tous les producteurs ; que ferait un cultivateur, par exemple, avec dix sacs de grains ? Comme il ne pourra les vendre au marchand de draps, au marchand de toile, sera-t-il obligé de se passer d’habits et de chemises ? ou devra-t-il fractionner son grain en autant de portions représentant la valeur des différents objets dont il a un besoin journalier ou occasionel ? Cela ne se peut pour mille raisons, que vous sentez trop bien pour qu’il soit nécessaire que j’en fasse l’énumération.

Le propre de la monnaie est justement d’intervenir dans toutes ces opérations, de faciliter tous les échanges. Quand le fermier veut vendre sa récolte, il s’adresse à un farinier, à un négociant, qui la lui achètent et la paient, non pas en farine, ou en drap, ou en fer, ou en tout autre produit spécial ; mais en une marchandise, l’argent, à laquelle tout le monde est convenu de reconnaître une valeur dont nous allons voir le fondement tout à l’heure, et que tout le monde accepte en échange du produit de son tra-