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Le changement qui s’est opéré dans l’esprit public depuis quelques années est bien remarquable, et les économistes peuvent en revendiquer une bonne part ; car dans cette circonstance ce sont eux qui l’ont dire. Ce changement s’est surtout observé dans une occasion récente, à propos des élections.

Vous avez vu, en effet, presque toutes les interpellations des électeurs aux candidats porter sur des questions d’intérêts généraux, de travaux publics, de conversion des rentes, de douanes, d’amortissement, de chemins de fer, etc., et déserter presque complétement les discussions irritantes sur les questions politiques, au sujet desquelles on s’entend toujours mal.

Quelques personnes ont paru regretter que le pays semblât se lancer entièrement dans cette voie des intérêts positifs ; on a crié au matérialisme. C’est là, je ne crains pas de l’affirmer, une crainte non seulement exagérée, mais encore dénuée de fondement ; et il est facile de répondre à ceux qui l’ont exprimée que le pays ne s’occupe tant d’intérêts positifs, de richesses enfin que pour développer ensuite avec plus de sécurité et de persévérance tout ce qui a rapport à l’intelligence, et qu’il ne court après la fortune que parce qu’elle mène à la liberté.

La réaction industrielle, qui a en les économistes de toutes les classes professeurs, écrivains, journalistes, pour promoteurs, remonte déjà à plusieurs années ; mais elle ne s’est fait sentir d’une manière