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saient en proportion des aumônes ; mais leurs remarques s’étaient bornées là, et ils n’avaient proposé aucun remède. Ortès, de Venise, et Ricci de Modène, écrivaient sur cette question entre 1780 et 1790. Le premier est verbeux, lourd et prolixe mais ou reconnaît en lui un homme éclairé et à vues élevées. Ricci, en examinant les résultats de ce qu’on appelait les institua pii, s’avisa de reconnaître que les pauvres et les criminels étaient moins nombreux dans certains quartiers de Modène que dans d’autres, et il laissa échapper ces paroles : Plus on fait de distributions et plus on fait de malheureux.

Malthus alla plus loin. Il écrivait en 1798 c’est-à-dire après les essais gigantesques que la révolution française venait de tenter et après la disparition complète, en France, des couvents d’un côté, et des monopoles de l’autre, qui étaient tombés à l’ordre de la Constituante. Le pouvoir avait été entre les mains du peuple proprement dit ; et un instant, le gouvernement avait donné des encouragements aux filles mères, et payé 40 sous par jour au sans-culotte garde national, le jour de son service. Malthus vit qu’après tant de victoires et tant de revers, le paupérisme était horrible ; les grandes fortunes avaient disparu, les petites ne s’étaient point formées ; d’un autre côté, on avait constaté qu’en Amérique la population avait doublé en 25 ans, et l’écrivain anglais crut pouvoir en conclure que partout la population devait s’accroître dans la même proportion en 30 ans ou 50 ans au plus. Partant de tous ces faits, il se dit : —