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millions qu’ils percevaient au moyen de la dime. En un mot, le revenu du clergé anglais formait les sept dixièmes du revenu de la Grande-Bretagne. Mais aussitôt que Henri VIII eut en sa possession les biens des couvents, il n’en continua pas moins, malgré ses promesses, à lever les impôts comme par le passé ; profitant ainsi de la dépouille des couvents, sans donner une compensation à tous ceux qui vivaient de leurs libéralités.

Une nouvelle masse de pauvres, composée de travailleurs de toute espèce, de moines recueillant les offrandes et faisant l’aumône de mendiants la recevant de toute main et surtout des couvents. se trouva tout-à-coup sans gite, sans pain et sans travail. Le nombre de ces malheureux devint menaçant, et l’on dut songer à faire des lois contre eux, et à leur opposer des troupes. Des bandes de ces vagrants (vagabonds) ou Round'smen (mendiants), se réfugiaient au fond des bois et n’en sortaient que pour désoler les habitations voisines. Vous vous ferez une idée exacte du nombre de ces pauvres diables et des terreurs qu’ils inspiraient, en apprenant qu’Henri VIII en fit pendre 72,000 ! — Le chiffre est officiel, vous le trouverez dans plusieurs ouvrages anglais qui se sont occupés de cette question. Élisabeth prit une voie plus douce ; elle ordonna que tous ceux qui possédaient une ferme paieraient tous les ans une taxe qui serait ensuite répartie aux familles nécessiteuses. Ce moyen ne fit qu’agrandir la plaie du paupérisme, et l’on se vit obligé de reprendre d’une main en donnant de l’autre Depuis lors, l’Angleterre n’a jamais pu