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que transitoire et les machines qui l’avaient produit ont en même tems fourni les moyens de le supporter, puisqu’elles ont créé des consommateurs nouveaux pour les nouveaux produits qu’elles ont mis dans la circulation. Mais quoi qu’il en soit, la question des machines est jugée, aucun peuple aujourd’hui ne saurait les négliger sans s’appauvrir. La nécessité des machines est un fait accompli ; il faut l’accepter et se soumettre de gré ou de force aux résultats qui en découlent, et qui heureusement ne sont point aussi désastreux qu’on a bien voulu le dire.

On a donné comme une conséquence des machines, le nombre toujours croissant des malheureux et des criminels qui encombrent aujourd’hui la place publique, les hospices et les prisons ; mais ces maux qu’on leur attribue sont aussi vieux que le monde, et il ne sera pas sans intérêt pour vous de rapporter à d’autres causes ces faits affligeants dont personne d’ailleurs ne peut contester la vérité. Et d’abord, si nous avions le tems de nous livrer à des recherches historiques et de fouiller dans l’antiquité, ne verrions-nous pas que chez les Grecs et les Romains, les citoyens sans fortune étaient obligés de s’expatrier et de fonder dans l’intérieur des terres des colonies agricoles ; ne verrions-nous pas le peuple romain, pour lequel d’ailleurs travaillaient de malheureux esclaves, quitter, pour une question de paupérisme, la ville en masse, et se réfugier sur le mont sacré. On n’entend point parler de pauvres pendant la féodalité, parce qu’à l’instar des Romains, les