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ses illusions d’un jour, il essaya, mais trop tard, de reprendre en Europe une attitude révolutionnaire, et ce fut alors que, par l’intervention en Espagne, il s’efforça de rentrer dans l’alliance anglaise.

Mais, avant d’aborder ce dernier point, il convient de dire jusqu’où furent poussés, en 1836, les sacrifices faits par le gouvernement français au génie contre-révolutionnaire.

Le pays qui avait toujours tenu le plus de place dans les préoccupations de M. de Metternich, c’était l’Italie, et, après l’Italie, la Suisse. Placée en effet entre l’Autriche et la France, la Suisse pouvait devenir, soit pour l’un, soit pour l’autre de ces deux pays, ou une grande force ou un grand danger. M. de Metternich nourrissait donc un très-vif désir de soustraire les vingt-deux cantons à l’influence française, surtout depuis que les révolutions cantonales de 1830 et 1831 étaient venues saper les bases du patriciat helvétique.

Tant que la France fut représentée en Suisse par M. de Rumigny, notre autorité y resta prépondérante. Mais, à l’arrivée de M. de Montebello, les choses changèrent de face. Appuyé faiblement par M. Morier, diplomate anglais d’une insouciance parfaite, M. de Montebello eut à combattre des rivaux fort actifs dans M. Severin, le ministre de Russie, et dans l’envoyé d’Autriche, M. de Bombelles, dont l’ascendant se faisait sentir particulièrement sur les cantons d’Uri, d’Unterwald et de Schwitz.

Mais ce n’était pas assez pour l’Autriche, la Prusse et la Russie liguées, de miner sourdement le crédit de la France. Pour nous porter le dernier coup, il