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temps fut où, sur chaque point du globe, notre pays faisait dans le moindre des citoyens saluer sa grandeur : en quelque lieu que des enfants de la France eussent été conduits par les affaires ou poussés par le hasard, la majesté de nôtre commune mère s’y trouvait pour les protéger, et là patrie voyageait avec eux. Combien désastreux, combien rapide le changement ! Voici que la France ne peut plus sortir de chez elle sans être exposée à l’outrage. Bustamente la bravait hier, et Rosas l’insultera demain. Où sont nos amis ? Quelles positions nous restent en Europe ? La Pologne est en exil, nous avons frustré l’Italie et opprimé la Suisse ; la Russie nous menace, la Hollande nous hait, là Belgique nous jalouse, l’Allemagne nous évite, le Portugal nous ignore, l’Espagne nous échappe, l’Angleterre nous domine, et la conjuration des Puissances nous a fermé l’Orient. Eh quoi ! fallait-il donc une iritelligence si haute pour comprendre que l’honneur national porte intérêt ; que le courage économise le danger ; qu’affronter la guerre par vertu et justice dispense d’acheter la paix et l’assure ; que la valeur de la marchandise gagne à l’inviolabilité du pavillon ! Ouvrez l’histoire de Carthage, de Venise de Gènes, de l’Angleterre, de toutes les nations fameuses par le commerce, et vous verrez si c’est aux inspirations de la peur qu’elles ont dû les prodiges de leur opulence ! Ce n’est pas qu’on doive éveiller parmi nous l’esprit de conquête. La France ne veut pas les peuples pour sujets, Il est dans son génie, secondé par des pouvoirs qui l’adoptent, de sauver le monde, non de l’asservir. Où