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homme[1]. Et dans une semblable conviction, le ministre anglais ne pouvait que puiser un surcroît d’insolence. Animé à l’égard de Louis-Philippe d’une haine qui volontiers revêtait les formes du dédain, il allait répétant sans cesse que le roi des Français ne se déciderait jamais à un acte de vigueur ; que contre un pareil monarque, tant qu’il dirigerait les affaires de son pays, il n’était rien qu’on ne pût oser.

Cependant, et pour se parer des dehors de la modération, lord Palmerston avait fait une offre dernière : il avait proposé d’accorder au vice-roi, indépendamment de l’Égypte, la possession héréditaire du pachalick d’Acre, moins la place. Le ministère français trouva naturellement la concession insuffisante ; et alors, avec une sécheresse injurieuse, lord Palmerston ne craignit pas de dire : « La concession est retirée. »

Sur ces entrefaites, en apprit que le gouvernement russe acceptait l’amendement dont M. de Brunew était allé lui faire part. Qu’importait, en effet, au gouvemement russe que, suivant l’expression

  1. Plus tard, lord Palmerston prit texte de la proposition du général Sébastiani pour accuser la politique francaise d’instabilité ; et, comme M. Guizot lui faisait observer que le général avait sans doute parlé de son chef et sans y être autorisé, puisqu’il n’y avait pas trace du plan en question dans les archives de l’ambassade française. le ministre anglais répondit : « Qu’il était bien connu que le comte Sébastiani était en communication directe et confidentielle avec le roi des Français, et que, lors mme qu’il n’y aurait aucune trace de ce plan dans les ârchives publiques de l’ambassade française, ce neserait pas une preuve concluante que le comte eût parlé sans autorisation. »

    La phrase entre guillements est de lord Palmerston lui-même et se trouve dans une dépêche adressé par lui à M. Bulwer, le 22 juillet 1840.

    Voir l’ouvrage intitulé : Correspondence relative to the affairs of the Levant.