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samment le programme : on aurait intercepté entre la Syrie et l’Egypte les communications par mer ; on aurait bloqué les ports de ces deux provinces ; les bâtiments qui naviguaient sous pavillon égyptien auraient été saisis ; Candie aurait été enlevée au vice-roi et restituée au sultan !

Et, au lieu d’arborer à son tour, d’arborer enfin l’étendard de la politique qui lui était propre, le gouvernement français hésitait ; il se réfugiait dans une molle inertie ; il s’amusait à discuter la valeur des mesures coërcitives proposées. Que dis-je ? Par une dissimulation puérile et qui ne pouvait tromper personne, il allait jusqu’à déclarer « que la France ne prenait aucun intérêt au pacha ; que l’arrangement qui lui ôterait la Syrie serait le meilleur, s’il existait de suffisants moyens de contrainte. »

Lord Palmerston n’avait garde de laisser tomber d’aussi téméraires paroles. Il poussa violemment à la conclusion, sachant bien que le Cabinet des Tuileries ne le suivrait pas ; et, bientôt, déchirant tous les voiles, il écrivit à M. Bulwer à Paris, à lord George Hamilton à Berlin, à lord Beauvale à Vienne, à lord Clanricarde à Saint-Pétersbourg, que le moment était venu d’agir contre le pacha, qu’il fallait en prendre son parti et abandonner en chemin celle des Puissances qui refuserait d’avancer.

La Russie ne comprit que trop bien ce langage. Elle vit la France et l’Angleterre à la veille d’une rupture, et à l’instant même sa politique orientale changea de face en ce qui concernait Méhémet-Ali et le statu quo. L’occasion de dissoudre l’alliance