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rience, aurait été résolu le problème, tourment de la diplomatie. L’attitude de la Russie lui fut un sujet d’humiliation et de trouble. Il tomba malade. Etait-ce un jeu que sa maladie ? Ne s’éclipsait-il momentanément de la scène que pour éluder l’embarras d’une décision qui pouvait mettre une seconde fois sa circonspection en défaut ? Les ministres français le crurent.

Pour eux, s’ils n’approuvèrent pas sans réserve la note du 27 juillet, ce fut non parce qu’elle empêchait l’arrangement direct, mais parce qu’elle laissait trop complètement la Turquie en dehors des délibérations. Car, non moins vivement que M. de Metternich, M. Passy et ses collègues désiraient faire rentrer l’empire ottoman dans le droit public européen établi en 1815.

Il est inutile d’ajouter que, quant à lord Palmerston, il triomphait. La note du 27 juillet lui rendait sa proie, qu’il avait été au moment de se voir enlever. Aussi ne garda-t-il plus de mesure. Dès le 1er août (1839), il proposait au gouvernement français d’exiger impérieusement de Méhémet-Ali la restitution de la flotte turque et, s’il refusait, de capturer la flotte égyptienne : proposition brutale que les ministres français repoussèrent, cette fois, avec beaucoup de force, de raison et de dignité[1].

Blessé au vif, lord Palmerston ne se découragea point. Il insista sur l’adoption de certaines mesures coërcitives destinées à briser, au besoin, la résistance du vice-roi, et dont il détaillait complai-

  1. Dépêche du maréchal Soult à M. de Bourqueney, 6 août 1839.