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rables, elle avait cela de grand qu’elle était un involontaire hommage au principe de la solidarité humaine. Mais il n’en est pas moins vrai qu’au point de vue de l’intérêt français, qui est celui de la civilisation et de la liberté, la note du 27 juillet fut un tort et un malheur.

En doit-on rejeter le blâme sur l’amiral Roussin ? Ce serait injuste. Il n’avait fait qu’obéir à l’esprit de ses instructions. Seulement, là où un autre aurait hésité peut-être, lui, adversaire du pacha d’Egypte, il n’hésita pas.

La note du 27 juillet fut accueillie à St-Pétersbourg par de l’aigreur et presque de la colère. L’empereur de Russie trouva étrange et malséant que, sans l’avoir consulté et se portant fort pour lui, M. de Metternich eût engagé la signature de la Russie au bas d’un acte qui tendait implicitement à soustraire la Turquie au protectorat des Russes. Peu accoutumé à taire ses mécontentements, il s’en ouvrit, assure-t-on, avec une véhémence autocratique, à M. de Fiquelmont, ambassadeur d’Autriche à St-Pétersbourg. Et, de son côté, M. de Nesselrode écrivait à M. de Modem : « L’empereur de Russie ne desespère nullement du salut de la Porte, pourvu que les Puissances de l’Europe sachent respecter son repos, et que, par une agitation intempestive, elles ne l’ébranlent point en voulant la raffermir. » Il disait aussi à l’ambassadeur de France : « Un peu plus, un peu moins de Syrie donnée au pacha nous touche peu ; notre seule condition, c’est que la Porte soit libre dans le consentement qu’elle donnera. » Enfin, il man-