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courbé jusque terre ; puis, se tournant vers les officiers turcs, il les toucha par des paroles de concorde et leur fit espérer qu’à l’abri de son ascendant revivrait la grande unité de l’empire.

C’en est fait ; l’étoile du vice-roi l’emporte ; la Turquie, par la détection de la flotte, vient de perdre sa dernière ressource : il faut céder, et le Divan s’y résigne. Méhémet-Ali a posé les conditions de la paix : on les subit ; on lui accorde l’hérédité de l’Egypte, l’hérédité de la Syrie ; et, pour lui porter le gage tant désiré de la réconciliation des Osmanlis, Hadji-Saïb-Effendi et Tenk-Enendi sont désignés.

Ainsi, cet arrangement direct que la politique du gouvernement français était de vouloir et qu’il avait jusqu’alors évité, la Providence, par une faveur spéciale, semblait le lui imposer, dans son intérêt et malgré lui.

Les deux personnages désignés allaient donc partir, lorsque l’internonce d’Autriche, M. de Sturmer reçut une dépêche dans laquelle M. de Metternich lui enjoignait, au nom, disait-il, et d’après les vues des cinq Puissances, d’agir de façon à mettre sur l’arrangement direct le véto de l’Europe. Chose déplorable et vraiment incompréhensible ! ce fut l’ambassadeur français qui contribua le plus à écarter la solution qui terminait la guerre au profit de Méhémet-Ali, le protégé de la France ; ce fut l’amiral Roussin qui, d’accord avec M. de Sturmer, rédigea, le 27 juillet (1839), une note qui fut ensuite présentée par l’internonce à la signature de lord Ponsonby, de M. de Boutenieff, de M. de Kœ-