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tacha donc vers lui, sur un bateau à vapeur, Osman, contre-amiral dans la flotte turque et complice du projet de défection. Osman prétendit que Mahmoud était mort empoisonné par Halil et Khosrew que c’était pour livrer aux Russes les portes du sérail que Hali et Khosrew avaient saisi le pouvoir ; qu’en de telles extrémités, le capitan-pacha croyait de son devoir d’aller au-devant de la paix ; et que c’était pour entrer en négociation avec Méhémet-Ali qu’il venait de mettre la flotte en mouvement. Peut-être l’amiral Lalande aurait-il dû s’armer de défiance ; peut-être aurait-il fait sagement d’envoyer prendre des informations auprès de l’ambassadeur français à Constantinople, et d’arrêter la flotte ottomane, en attendant une réponse. Mais ses instructions lui enjoignaient d’empêcher la guerre, non la paix ; et s’il n’admit pas aisément l’hypothèse d’une trahison, sa loyauté l’absout. Akhmet passa.

Ce fut un jour sans égal pour Méhémet-Ali que celui où, sous les yeux d’une innombrable multitude attirée par la splendeur et la singularité du spectacle, la flotte turque vint se confondre, dans le port d’Alexandrie, avec la flotte égyptienne. Que manquait-il désotmais à la fortune du vice-roi ? Coup sur coup, son fils avait remporté une victoire mémorable, son ennemi était mort désespéré, et maintenant huit vaisseaux, douze frégates et deux bricks venaient, mêlés à ses propres navires, lui ouvrir les routes cela mer ! Sa joie fut imposante comme son destin. Radieux mais calme, il étouffa dans un paternel embrassement la honte d’Akhmet,