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Cabinet des Tuileries, était-ce à la conversation reproduite par lord Granville ou à la dépêche adressée à M. de Bourqueney qu’il fallait s’en rapporter ? L’ambassadeur anglais reçut ordre d’éclaircir le fait, et le maréchal Soult répondit : « qu’il ne rétractait rien de sa conversation et qu’il persistait à regarder comme non avenu tout arrangement direct entre le pacha et le sultan. »

D’une part, le maréchal Soult était l’homme du roi ; de l’autre, il est constant qu’il ne signait les dépêches que pour la forme et, souvent, sans les comprendre. Il y a donc lieu de croire que la conversation exprimait l’opinion du roi, et la dépêche celle des ministres. Mais lord Palmerston n’avait pas charge de s’enquérir de l’observation du régime constitutionnel en France. S’emparant de l’aveu qu’avait formulé par deux fois le président du Conseil, il se hâta d’écrire à Vienne, à Berlin, à Constantinople, à St-Pétersbourg, que la victoire de Nézib ne pesait absolument rien dans la balance, et que « sur ce point, les cinq Puissances n’avaient qu’une même pensée. »

Or, plus le gouvernement français s’obstinait et s’embarrassait dans ses fautes, plus la fortune semblait se plaire à lui fournir moyen de les réparer.

À peine Mahmoud avait-il fermé les yeux, qu’autour du sultan mort les ambitions s’agitèrent. Abd-ul-Medjid, son successeur, n’était qu’un gracieux et débile enfant sa faveur appartint à ceux qui, maîtres des chemins obscurs qui conduisaient jusqu’à lui, coururent les premiers, par l’empressement de leurs hommages, le surprendre et le char-