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ne fût une faute. Car s’ils ne s’expliquaient pas relativement à la Syrie, lord Palmerston, lui, s’expliquait, au contraire, d’une manière péremptoire, et il ne cessait de crier aux Puissances : « L’intégrité de l’empire ottoman, c’est Méhémet chassé de Syrie. » Or, de l’opinion du gouvernement français, qui en se cachant à demi semblait se condamner elle-même, et de celle du gouvernement britannique, qui partout se produisait avec énergie et autorité, il était naturel que la seconde finît par l’emporter dans les conseils de l’Europe. Et c’est ce qui arriva.

M. de Metternich, en proposant un concert européen, n’avait eu d’autre but que de soustraire la Turquie aux envahissements russes, en la faisant rentrer dans le cercle des traités de Vienne, d’où il se repentait de l’avoir exclue en 1815 ; et il s’était d’abord prononcé pour le système du statu quo en Orient, par amour pour le repos et pour la paix. Mais quand il vit avec quel emportement l’Angleterre poursuivait le vice-roi, couvert par la France d’une protection silencieuse, M. de Metternich ne se fit pas scrupule d’adopter les haines de lord Palmerston, y trouvant le double avantage de châtier dans Méhémet-Ali l’esprit d’innovation, et de désunir les deux États constitutionnels dont 1830 avait inauguré l’alliance.

La Russie devait se décider par des motifs analogues.

Si bien, qu’au moment même où le Cabinet des Tuileries se donnait avec orgueil pour le promoteur d’un concert européen, la solitude commencait à se faire autour de lui.