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Au point de vue politique, ni le système de la France ni celui de l’Angleterre n’étaient soutenables.

Rien de plus contradictoire que la politique française. Quoi ! on voulait au colosse russe, penché sur l’Occident, opposer une Turquie forte, compacte ; et on la déchirait ! Que signifiait donc l’intégrité d’un État coupé en deux ? Au sultan Constantinople et l’Asie-Mineure, au vice-roi le Caire et la Syrie, et entre eux, pour les séparer, le Taurus, rien que le Taurus. on appelait cela l’intégrité de l’empire ottoman !

Voilà ce que disaient les Anglais en se prononçant pour la restitution de la Syrie au sultan. De sorte qu’ils avaient pour eux, sous le rapport politique, les apparences de la logique et de la bonne foi. On pouvait leur répondre, cependant, que la Porte était incapable d’administrer les province en litige ; qu’elle l’avait déjà prouvé ; que les lui rendre c’était les rendre à la stérilité, au désordre, aux querelles sanglantes des Druses et des Maronites, à la permanence des révoltes dans la Montagne. Si l’on désirait savoir ce que la Syrie avait gagné à passer du régime des Turcs à celui des Egyptiens, on n’avait qu’à jeter les yeux sur la plaine d’Antioche couverte d’oliviers, sur les environs de Beyrouth plantés de vignes, sur la résurrection d’Alep, sur Damas que n’enrichissait plus le seul passage des pèlerins. L’administration de Méhémet-Ali s’était montrée dure sans doute ; mais enfin, sous ce provisoire de despotisme, nécessaire là où l’anarchie débordait, la Syrie avait retrouvé l’ordre et