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statu quo, c’est le démembrement, l’anéantissement, l’agonie de l’empire que vous prétendez vouloir relever ? Soyez donc conséquents : si la Turquie vous importe, comme vous le dites, allez au secours, non de la révolte établie en Syrie, mais de la légitimité impériale à Constantinople ! Prêtez vos conseils, vos ingénieurs, vos officiers, vos flottes aux généreux efforts de l’héroïque Mahmoud pour civiliser son peuple ; aidez-le à écraser Ibrahim, à ressaisir l’Egypte et toutes ces parties de son empire qui s’en détachent… Au lieu de cela, que vous dit-on ? Armez pour le statu quo ; unissez vos flottes à celles des Anglais pour empêcher le Grand-Seigneur de recouvrer ses meilleures provinces sur son pacha rebelle. Savez-vous ce que cela veut dire ? Cela veut dire : Dépensez l’or, le sang et le temps de la France pour maintenir… quoi ? La Turquie d’Europe et Constantinople sous la main de la Russie ; la Turquie d’Asie sous le sabre d’Ibrahim et l’usurpation de Méhémet. » M. de Lamartine abordait ensuite et justifiait avec une rare magnificence de langage son propre système : le partage de l’Orient entre les principales Puissances européennes, au nom et pour le compte de la civilisation[1]. « Un congrès ! disait-il en terminant. Et dans le cas où le temps ne serait plus à vous, prenez immédiatement en Orient une de ces positions maritimes et mili-

  1. Nous avons expose les idées de M. de Lamartine à cet égard, dans le 3e chapitre du quatrième volume. Nous avons dit aussi de quelle manière il aurait fallu, suivant nous, chercher à résoudre, dès 1830 cette question si difficile à la fois et si importante.