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d’une partie de son extrême droite, cavaliers et fantassins, Ibrahim s’élance impétueusement vers l’extrême gauche de Hafiz. Mais, couverte par un bois d’oliviers, l’infanterie turque attend l’ennemi de pied ferme, le laisse approcher et ouvre le feu. La cavalerie d’Ibrahim recule alors, elle se replie sur les deux régiments d’infanterie qui l’appuyaient, les refoule et prend la fuite, malgré les imprécations d’Ibrahim frémissant. Mais la droite est restée inébranlable, et un mouvement d’hésitation se déclare, au contraire, à la gauche des Turcs. L’explosion de plusieurs caissons a mis des batteries hors de service et jeté du trouble dans les rangs. Les Kurdes lâchent pied. Aussitôt Ibrahim et Soliman-Pacha poussent leur droite en avant et envoient au centre et à la gauche l’ordre de donner. Pressée ainsi sur toute la ligne, l’armée turque cède, se renverse, se débande. Le sabre à la main et désespéré, Hafiz vainement apostrophe, supplie ou frappe les fuyards ; le torrent de la déroute le soulève et l’entraîne. Il court cacher dans les montagnes sa douleur et les débris de son armée, laissant à l’ennemi trois pachas morts, cent quatre pièces d’artillerie, vingt mille fusils, neuf mille prisonniers, ses tentes, ses bagages et jusqu’à sa décoration en diamants.

Peu de jours après, la tente d’Ibrahim était ployée, son cheval prêt, et le Taurus allait être franchi, quand tout-à-coup parut un officier français qui venait dire : Il faut s’arrêter. La mission de M. Caillé en Égypte avait en effet réussi. Par un convenable mélange de modération et de fermeté, il était par-