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de spéciner son rôle. On pouvait lui laisser le soin de pourvoir à l’indépendance du Bosphore, le devoir de la garantir ; mais pour peu qu’on étendît ses attributions, pour peu qu’on lui reconnût le droit de régler entre Mahmoud et son vassal le partage de l’Orient, c’en était fait des intérêts de la France. Car n’était-il pas manifeste que, dès qu’il s’agirait de Méhémet-Ali à satisfaire et non plus de Constantinople à sauvegarder, la France trouverait dans le Cabinet de St-James un contradicteur intraitable ? N’était-il pas aisé de prévoir que, les Puissances une fois convoquées sur le terrain oriental, la France n’aurait qu’une voix contre cinq, et serait par conséquent réduite à l’alternative ou d’abandonner Méhémet-Ali, son allié, ou de se retirer du concert provoqué par elle-même ?

Constantinople ralliait la France et l’Angleterre, Alexandrie les divisait. Il fallait donc porter tout l’effort des négociations du côté de Constantinople, et placer Alexandrie en dehors du cercle diplomatique. Malheureusement, au lieu de séparer les deux questions, le ministère du 12 mai les considéra comme connexes et appela l’Europe à les résoudre en commun toutes les deux. Faute immense, irréparable !

Le premier acte par lequel le ministère du 12 mai dessina sa fausse politique fut un refus dont l’Angleterre se tint et eut droit de se tenir pour offensée. Dans une dépêche en date du 19 juin (1839), lord Palmerston avait fait au Cabinet des Tuileries une proposition audacieuse, mais qui, acceptée, scellait pour long-temps l’alliance de la