Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/421

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brements suspects, on eut soin d’adresser à chaque membre estimé bon au combat un billet de convocation contenant une désignation spéciale et précise. Quel plan allait-on suivre ? Celui que Blanqui proposa consistait à envahir la préfecture de police et à s’y retrancher ainsi que dans une citadelle. Tout avait été prévu : tant de ponts à occuper ; tant de barricades à construire ; tant d’épaisseur à donner aux barricades pour les mettre à l’épreuve du canon ordinaire ; tant d’hommes à placer sur chacun des points qu’indiquait la carte. Barbès objecta le danger d’un volontaire isolement dans cette cité sans population à émouvoir, la difficulté de construire entre le signal et l’attaque des barricades telles que les voulait le manuel de l’ingénieur militaire, la difficulté, plus grande encore, de plier à des manœuvres prévues des conspirateurs en armes, troupe éssentiellement indisciplinée. Le plan proposé l’emporta. Quant à une proclamation à lancer parmi le peuple, Barbès et Martin Bernard répugnaient, par modestie, à faire bruit de leurs noms ; mais l’honneur de se compromettre hautement, irrévocablement, toucha leur courage, et ils donnèrent leurs signatures devant le succès possible, parce que c’était, selon toute apparence, les donner devant la mort.

L’heure est venue. Le 12 mai, à trois heures et demie, les sectionnaires débouchent dans la rue Bourg-l’Abbé. Le cri aux armes retentit soudain et se prolonge en échos formidables. Frappée à coups redoublés, la porte du magasin d’armes résiste ; mais quelques insurgés pénètrent dans le magasin par une fenêtre qui donnait sur la cour,