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mière réunion des amis de M. Barrot ayant eu lieu, M. Thiers y parut, et, avec une chaleur sincère, il s’attacha à prouver qu’enlever à M. Guizot toute participation aux bénéfices d’une victoire remportée par son concours, ne serait ni prudent ni équitable. Et toutefois, il n’allait pas jusqu’à demander pour le chef du parti doctrinaire le ministère de l’intérieur. L’assemblée était incertaine, la délibération fut pleine d’anxiété. Enfin, il fut décidé qu’on offrirait à M. Guizot le portefeuille de l’instruction publique, et que, s’il s’en contentait, il serait soutenu par la Gauche.

Fier d’un succès sur lequel il comptait à peine, M. Thiers court en informer M. Guizot. Mais dans ce qu’on venait lui annoncer comme une heureuse nouvelle, ce dernier ne vit qu’une injure, et il témoigna le désir de s’en expliquer hautement.

Une entrevue, qui devait être décisive, fut donc ménagée entre M. Barrot accompagné de MM. Havin et Chambolle, M. Thiers accompagné de MM. Mathieu de la Redorte et Roger, et M. Guizot, auquel s’étaient joints MM. Duvergier de Hauranne et de Rémusat.

La discussion s’engagea, vive de la part des uns, et, de la part des autres, grave, solennelle. Pressé de consentir à une transaction qui tranchait toutes les difficultés, M. Guizot déclara qu’il ne pouvait accepter la position secondaire qu’on lui abandonnait, sans laisser amoindrir et insulter son parti dans sa personne. Alors, dans un discours aussi ingénieux que pressant, M. Chambolle essaya de le ramener à des prétentions moins hautaines : que