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louanges que lui adressaient ses partisans. Tourné en ridicule par ses ennemis, il s’en vantait, et déconcertait le sarcasme à force de le braver. De sorte qu’il en était venu à transformer l’obstacle en moyen et faisait servir l’injure même à sa renommée. Son but, il le poursuivait d’un pas infatigable à travers les procès, les invectives, les moqueries, les échecs, les mécomptes. Quand on le croyait abattu, il se relevait tout-à-coup, souriant et fier. Le lendemain d’une défaite incontestable, il se proclamait vainqueur. Il se donnait pour alliés des hommes qui repoussaienthautementson alliance, et il leur eût volontiers prouvé à eux-mêmes qu’ils étaient des siens. C’était, en un mot, un des hommes les plus remarquables, les plus divers et les plus singuliers de son temps.

Il avait bien compris, doué qu’il était d’une vive intelligence, qu’entre le peuple et Henri V il y avait tout un passé à voiler ou plutôt à détruire. Aussi, n’hésitait-il pas à proclamer le principe de la souveraineté nationale, mais avec une restriction qui emportait le principe. Car, à l’entendre, la souveraineté se serait composée, par essence, des droits de la nation et de ceux du roi, sans qu’il fût possible à l’une de ces deux puissances de nier la légitimité de l’autre. De sorte que M. de Genoude s’ingéniait à combiner, par un vain, par un monstrueux assemblage, ses tendances monarchiques et les emprunts que son habileté faisait à la démocratie. Il n’admettait, d’ailleurs, que l’élection à deux degrés, sûr moyen de rétablir les grandes influences locales, influences de richesse et de sacristie. Or, de tout cela il résultait que M. de Ge-