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causes de défiance et de jalousie. L’artifice était grossier : si M. Thiers en fut dupe ou feignit seulement de l’être, c’est ce que nous ne saurions dire. Toujours est-il qu’il se tint pour satisfait, au milieu de l’indignation générale excitée en France par un acte qu’on y considérait avec raison comme un outrage calculé au génie révolutionnaire.

En Angleterre, l’élan ne fut pas moindre, et d’ardentes interpellations assaillirent, dans le parlement, le Cabinet whig. Mais, sans l’appui du gouvernement français, lord Palmerston ne se croyait pas en mesure de faire parler à la nation anglaise le langage de la menace il déclara du haut de la tribune que l’entrée des Autrichiens, des Russes et des Prussiens à Cracovie lui paraissait une violation flagrante des traités mais aucune, mesure vigoureuse ne fut prise par lui pour soutenir l’honneur de cette déclaration.

Le résultat de tout cela était facile à prévoir. L’orgueil des ennemis de la révolution de juillet s’accrut à un point extraordinaire. Dans les feuilles des chancelleries, l’occupation militaire de Cracovie fut vantée comme une magnifique réponse aux déclamations des tribunes anglaise et française, comme une revanche à jamais glorieuse de l’occupation d’Ancône. Bientôt l’orgueil des journaux censurés de l’Allemagne ne connut plus de bornes, et, dans une correspondance publiée par la Gazette d’Augsbourg, un Prussien, qui avait oublié san~doute Iéna, nous rappela Rosbach.

Si la France et l’Angleterre, resserrant alors les nœuds de leur alliance, s’étaient décidées à intervenir