Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coalition avait pour organes officiels trois journaux quotidiens, dont deux appartenaient à l’Opposition dynastique et le troisième à l’école doctrinaire. Une force nouvelle venait de se produire ; elle eut, suivant l’usage, des adorateurs. Les ambitions commencèrent à se déclasser et la polémique se déchaîna. Le Constitutionnel était naturellement entré dans la ligue, que les feuilles radicales appuyaient, sans en faire partie, en haine du pouvoir. On fit, sur la maxime aussi folle que vantée le roi règne et ne gouverne pas, mille commentaires ingénieux, injurieux, menaçants, hypocrites, sincères. Avec une égale impétuosité, les uns attaquèrent la majesté royale, les autres la défendirent.

Et, comme pour combler la mesure des agitations, l’intolérance d’une partie du clergé vint tout-à coup ranimer les haines, à peine assoupies, du libéralisme. À Reims, un prédicateur de passage ayant osé, du haut de la chaire, laissé tomber sur le tombeau du captif de Ste-Hélène des paroles d’insulte, l’habitation du missionnaire fut envahie dans l’emportement d’une émeute aussi déplorable que le fait qui l’avait provoquée. À Clermont-Ferrand, un scandale inoui marquait, dans le même temps (11 décembre 1838), la mort d’un des plus hardis adversaires des jésuites, le comte de Montlosier. En vain M. de Montlosier avait-il témoigné sa ferme volonté de mourir dans les bras de l’Église ce que l’évêque de Clermont exigeait de lui, c’était le désaveu de sa vie entière, une rétractation publique, la condamnation de son fameux Mémoire à consulter ; et, parce qu’il avait refusé jusqu’au bout