Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/370

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tis, et s’embarrassant dans de misérables redites, ils s’étaient figuré que cette âme violente avait enfin épuisé sa vigueur, que cette intelligence avait jeté son dernier éclair. Et ils en étaient tellement convaincus, que, dans le partage hâtif des rôles que distribuait leur ambition, ils croyaient beaucoup faire pour leur ancien chef en lui réservant quelque ambassade. Lui-même, au reste, il paraissait livré à un trouble que n’avait pas encore connu son orgueil. Retiré au Val-Richer loin du spectacle des affaires et de leur tumulte, il paraissait résigné à sa défaite, il se l’avouait.

Mais il y avait un homme, M. Duvergier de Hauranne, qui portait, réunies en lui et vivantes, toutes les colères de la coalition, momentanément dissoute. Ce fut son souffle qui la ranima ; ce fut lui qui donna le signal de la reprise des hostilités dans un article que publia la Revue française. Il s’attachait à y prouver que les ministres étaient insuffisants ; qu’ils avilissaient le pouvoir par un système de corruption et de bascule qu’ils compromettaient le gouvernement représentatif par une outrageante affectation de dédain à l’égard de la Chambre, et à l’égard de la Couronne par une docilité sans mesure. Réduit à ses propres forces, M. Duvergier de Hauranne n’aurait probablement pas mené à bout l’entreprise. Mais avec lui, à côté de lui, et par suite d’un concert préalable, étaient descendus dans l’arène trois hommes de talent, appuyés sur la presse : M. Chambolle, rédacteur en chef du Siècle M. Léon Faucher, du Courrier français, M. Léonce de Lavergne, du Journal général de France. De sorte que la