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Rappelez-vous le mémorandum de 1831. Apaisez la Romagne, dont les espérances légitimes sont contenues mais non pas éteintes. » MM. de Metternich et Capacini voulaient absolument prévenir une déclaration de ce genre, et M. Molé ne les devina pas. Un jour donc, le représentant de la Cour de Rome à Paris courut annoncer au ministre français comme une nouvelle satisfaisante pour le Cabinet des Tuileries, que l’Autriche se décidait enfin à se retirer des États du Saint-Siége, ne paraissant pas d’ailleurs mettre en doute que les Français sur-lechamp n’abandonnassent Ancône. M. Molé, qui ne connaissait l’affaire qu’imparfaitement, trouva la conséquence naturelle, et il ne s’aperçut de la surprise que lorsque M. Desages lui eut appris quelle avait été la politique de ses prédécesseurs et de quelle manière la question se trouvait engagée.

L’évacuation d’Ancône eut lieu le 25 octobre 1838, et la sensation qu’elle produisit en France fut d’autant plus forte, que les esprits y étaient alors échauffés par une ligue ardente, audacieuse, redoutable au ministère, redoutable au roi.

La victoire parlementaire remportée par M. Molé lors de la discussion des fonds secrets semblait avoir abattu pour jamais la coalition dont nous avons indiqué l’origine. Et en effet, grand fut d’abord le découragement des vaincus… M. Thiers avait quitté Paris. Et, pour ce qui est de M. Guizot, ses amis le jugeaient en pleine décadence. Parce qu’une discussion solennelle et récente le leur avait montré faible, dépourvu d’habileté à la fois et de hardiesse, cherchant sa route d’un pas incertain au travers des par-