Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gnifiait-il que la retraite des Français dût suivre celle des Autrichiens nécessairement, ipso facto, sans négociations préliminaires, sans entente préalable entre les deux gouvernements, sans garanties stipulées pour l’avenir ? Entendre ainsi la convention, c’eût été en sacrifier l’esprit à la lettre, c’eût été ruiner par la base la politique même de Casimir Périer, et exposer de nouveau : le Pape à une révolte, l’Italie à une intervention autrichienne, Ancône à une occupation française, l’Europe à un conflit.

Voilà ce que comprirent parfaitement MM. de Broglie et Thiers, M. Thiers surtout ; et on doit les en louer.

Quant à M. Molé, il eut le tort, comme on va le voir, de ne pas se défier suffisamment de la diplomatie italienne. L’homme qui, à cette époque, la représentait le mieux était M. Capacini, esprit singulièrement délié. Il rencontra M. de Metternich à Florence, et ce fut là que les deux diplomates préparèrent le piège dans lequel M. Molé devait tomber. L’essentiel, pour eux, était d’empêcher entre Paris et Vienne toute négociation relative à l’évacuation d’Ancône. Car ils prévoyaient que, dans ce cas, le gouvernement français ne manquerait pas d’élever des difficultés, d’exiger des garanties, si même il n’allait jusqu’à dire : « Tant que la situation de l’Italie restera ce qu’elle était lors du mémorandumde 1831 d’invincibles haines fermenteront dans la Romagne, et l’intervention autrichienne planera comme une menace de chaque jour sur l’Italie en deuil. Vous nous demandez d’évacuer Ancône ? Faites disparaître les causes qui nous y conduisirent.