Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/366

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De son côté, et tout intérêt de parti mis à part, la France avait pour garder Ancône des motifs diplomatiques et militaires de la plus haute importance. La ville d’Ancône était la clef de l’occupation de la haute Italie ; elle couvrait Naples vis-à-vis de Vienne ; elle nous assurait en Dalmatie et en Illyrie une influence notable ; en cas de guerre avec les Autrichiens, elle nous eût été bonne et comme place de guerre et comme port ; défendue autrefois par le général Monnier à la tête de 2,000 hommes dont 1,800 blessés, elle avait, pendant douze jours, arrêté 42,000 hommes, et, pour la mettre en état de soutenir un siège opiniâtre, il n’eût fallu ni de longs travaux ni beaucoup d’argent son occupation par la France avait toujours été jugée si utile pour nous qu’elle avait été réclamée d’une manière expresse dans la négociation des traités de Campo-Formio et de Lunéville. Que dire encore ? entre nos escadres et les Dardanelles, Ancône supprimait une distance de six cents lieues, dans un moment où chacune des grandes Puissances avait à veiller sur l’empire ébranlé des Osmanlis. L’abandon d’Ancône ne pouvait donc être qu’une mesure funeste. Et M. Thiers le sentait bien, lorsque dans une dépêche du 14 mars 1836 il écrivait à notre ambassadeur à Rome :

« Je vous recommande, Monsieur le marquis, de ne point prendre à Rome l’initiative de cette question de l’évacuation d’Ancône, de ne jamais la soulever, et d’éviter tout ce qui s’y rapporterait. Si vous étiez absolument obligé d’exprimer une opinion, elle devrait être que le fait de la retraite