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blables complications ? À un dénouement désastreux, peut-être, si, pour le prévenir, Louis Bonaparte ne se fût décidé à quitter volontairement Arenenberg. Le 20 septembre, il partait pour Londres ; le 24 août, la duchesse d’Orléans avait mis au jour un enfant du sexe masculin : ce furent deux grands sujets de joie pour la Cour des Tuileries. Les Dynasties se croient si aisément immortelles !

Au reste, la prospérité de la maison d’Orléans avait suivi depuis 1830 une progression croissante. Mais on n’en pouvait pas dire autant de la France ; et, tandis qu’à la Cour on se réjouissait de la naissance du comte de Paris, la nation était à la veille de voir s’accomplir un événement qui la devait remplir de tristesse.

On se rappelle quel avait été sur l’Europe l’effet de l’occupation d’Ancône, et avec quel enthousiasme l’Italie avait salué dans le drapeau tricolore une promesse d’affranchissement, un gage de liberté. Mais, soumis à une politique ennemie des peuples, les Français d’Ancône furent bientôt forcés de se faire les auxiliaires du despotisme pontifical, qu’ils s’étaient crus destinés à contenir. Les espérances les patriotes italiens s’éteignirent ; la liberté disparut, même de leurs rêves ; à leur enthousiasme succéda une morne stupeur. Toutefois, la présence de l’uniforme français à Ancône n’avait pas entièrement cessé d’être chère à l’Italie. Car enfin, c’était là, pour l’Autriche, une gêne, un affront… Et puis, des événements nouveaux ne pouvaient-ils pas, d’un instant à l’autre, déterminer à Paris le triomphe d’une politique plus généreuse ?