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tions qu’on touchait ainsi de la pointe de l’épée, que d’insinuations habiles ! que de démarches sourdes et détournées, mais pressantes ! De la Suisse, des cantons de Vaud et de Genève surtout, étaient sorties un certain nombre de familles qui occupaient alors à Paris la position qu’y avaient occupée au XVIIIe siècle Necker et son entourage ; familles de banque pour la plupart et bien connues : les Delessert, les Odier, les Oppermann-Maudrot, les Keutsch. Or, l’accueil que plusieurs de ces Gallo-Helvétiens recevaient aux Tuileries et les facilités qu’ils y trouvaient avaient naturellement noué entre eux et le gouvernement français mille liens de gratitude ou d’intérêt. Aussi, envoyèrent-ils, en 1838, à leurs amis ou parents de Suisse des écrits, missives ou nouvelles, concluant à une soumission prompte. L’avocat Maudrot, de Lausanne, combattit les idées de résistance dont le Nouvelliste vaudois s’était fait l’organe, dans une série de lettres qui furent répandues à profusion. Chaque jour, à toute heure, arrivaient de Paris des conseils, des avertissements, des prières, des confidences : M. Molé avait fait telle déclaration, M. Benjamin Delessert tenu tel discours… Mais quoi ! Louis-Philippe lui-même conseillait aux Suisses, en véritable ami, de céder lorsqu’il en était temps encore. Et à ces obsessions se joignaient celles du commerce lyonnais, d’origine genevoise. La Suisse pourtant avait fléchi déjà une fois, et elle sentait que son indépendance était au prix de son courage.

À quel dénouement devaient aboutir de sem-