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riques, repousse des calomnies, rendu hommage à la partie glorieuse de l’Empire, parlé de Louis Bonaparte avec affection, le lieutenant Laity fut traduit devant la cour des pairs. Que devenait alors le jury ? Michel (de Bourges) détendit l’accusé d’un ton rade, fougueusement, mais bien en vain. Le hardi jeune homme paya sa brochure dix mille francs et cinq ans de prison. C’était peu Louis Bonaparte avait quitté l’Amérique, il était revenu embrasser, pour la dernière fois sa mère mourante, il habitait Arenenberg : Louis-Philippe s’émut d’un tel voisinage, et la Suisse se vit sommée de chasser de son sein le neveu de l’empereur, un proscrit. Alors se reproduisirent les fatales scènes de 1836, La Suisse, indignée, demanda si elle formait un état indépendant, ou s’il était vrai qu’elle ne fut qu’une province française ! Le Grand-Conseil de Turgovie déclara que le prince Louis Bonaparte était citoyen turgovien. Des cris de douleur et de désespoir s’élevèrent du fond des vallées où Louis-Philippe, proscrit lui aussi, avait autrefois reçu l’hospitalité. Et quant à la Diète, partagée entre l’horreur d’une soumission déshonorante et la crainte d’attirer sur la Suisse d’irréparables calamités, elle hésitait, elle ajournait.

Mais, pendant ce temps, on se préparait à l’accabler. On agita un corps de 20 à 25 mille hommes sur les frontières de France ; deux bataillons français entrèrent à Gex ; l’artillerie de Lyon reçut l’ordre de se tenir prête au départ ; le général Aymar publia un ordre du jour avec menaces.

D’un autre côté, pour amortir l’élan des popula-