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Waterloo, avait dégagé de toute crainte l’admiration de l’Angleterre, et il lui avait imposé le devoir d’être juste, en mourant à Sainte-Hélène.

L’accueil fait au maréchal Soult constitua la partie sérieuse du couronnement de Victoria, le reste de la cérémonie n’ayant été marqué que par un étalage de luxe insultant et des pratiques qui sans doute occuperont une large place dans les fastes de l’imbécillité humaine. Vers le milieu du jour, la reine mit pied à terre aux portes de l’abbaye de Westminster, où l’attendaient les témoins, désignés d’avance, de son couronnement juges pliant sous le poids de leurs énormes perruques, rois d’armes couverts d’une longue chemise de drap d’or, lords temporels et spirituels, pairs et pairesses, membres des communes, et O’Connell en habit de cour ! La reine s’était retirée pour changer de costume. Elle parut bientôt vêtue d’une robe de velours écarlate fourrée d’hermine, et le front entouré d’un cercle d’or. En même temps s’avançaient vers l’autel, placé à quelques pas du trône, les grands constables d’Irlande, d’Ecosse, d’Angleterre, et le vicomte de Melbourne, armé de pied en cap. « Messieurs, dit l’archevêque de Cantorbéry, je vous présente Victoria, reine incontestée de ce royaume. Vous tous qui êtes venus ici pour lui offrir votre hommage, voulez-vous le faire ? » À cette formule, répétée quatre fois dans quatre directions différentes, les assistants répondirent : Vive la reine ! Dieu garde la reine ! Cela fait, et, sur la demande du prélat, la reine donna gracieusement à l’autel une nappe d’or, puis un lingot d’or ; car les princes ne sont acceptés par les