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mêlée d’enthousiasme : elle avait commencé par une lettre d’une modestie pleine de grandeur, dans laquelle le colonel Napier rappelait les esprits au respect de la France impériale et de l’équité.

Le 28 juin 1838 dans la matinée, la solennité du couronnement lut annoncée à Londres par une salve de vingt et un coups de canon. D’épais nuages menaçaient la fête, et cependant une foule innombrable inondait déjà Whitehall, Parliament-Street, Abingdon-Street, et toutes les rues voisines de l’abbaye de Westminster. Sur une ligne que l’œil se serait fatigué à parcourir, ce n’étaient qu’échafaudages chargés d’hommes et de femmes, que gradins mouvants, que galeries animées ; et, partout, des drap eaux, des tentures somptueuses, des couronnes, des banderolles, des guirlandes de fleurs, des sièges de velours, des étoiles, des préparatifs d’illumination, de gigantesques V. R. L’aristocratie de l’Europe était à Londres dans la personne de ses plus célèbres représentants : le prince de Ligne, le comte de Strogononoff.les marquis de Brignolle et de Miraflorès, le baron Van der Capellen. Il n’y avait pas jusqu’au prince de Schwartzemberg qui ne fût accouru en Angleterre, au risque d’y réveiller le scandale, à peine assoupi, des aventures dont on l’avait fait le héros. À dix heures du matin, au bruit des cloches de Sainte-Marguerite, alternant avec celles de l’abbaye de Westminster, il se fit dans une des plus grandes villes du monde un mouvement de foule prodigieux, indescriptible. Ce n’était pas cette multitude de Paris, si impressionnable, si communicative, si chargée de fluide électrique, spirituelle en son enthousiasme, frondeuse