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lieu aux scènes les plus orageuses. L’attitude des accusés était énergique et fière, leur mise en général recherchée. Les desseins criminels qu’on leur imputait, ils n’hésitaient pas à les nier ; et ils le firent, les uns avec présence d’esprit, les autres avec emportement. Mais sur le banc où ils étaient assis se trouvait Vallantin, un malheureux qui avait indignement surpris leur confiance et s’était fait leur dénonciateur. Ce fut sur les affirmations de cet homme, flétri par une condamnation pour faux et auquel avait été arbitrairement épargné l’opprobre de l’exposition, que l’accusation s’appuya. On put remarquer aussi et on remarqua que la plupart des témoins à charge étaient des individus mal famés, compromis par des actes honteux. Les débats furent vifs et de nature à passionner le public. Louis Hubert y déploya des convictions réfléchies et ardentes. Steuble, qui ne parlait et ne comprenait que la langue allemande, fit preuve, devant le tribunal, d’une force de tête qu’il n’avait pas montrée dans l’instruction. Quant à Mlle Laure Grouvelle, elle unissait à une exaltation politique extraordinaire un dévouement sans bornes ; sa tête était d’une républicaine audacieuse et son âme d’une sœur de charité ; elle avait entouré d’ornements funéraires la tombe d’Alibaud, et, dans le choléra, elle s’était attachée à un hôpital, soignant les malades, consolant leur agonie, vivant au milieu de la contagion de la mort sous le poids d’une accusation capitale, elle resta calme et mit à confesser sa foi une assurance exempte d’affectation.

Dans la dernière audience, les plaidoiries étant