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ils n’occupent dans le système qu’une place secondaire. Dès aujourd’hui les chemins de fer ne devraient s’appeler que des chemins à locomotives ou des chemins à vapeur.

Quand on a lu dans les gazettes, dans celles surtout de l’Angleterre et de l’Amérique, le tableau des étonnantes vitesses que les locomotives à vapeur ont déjà réalisées, on est vraiment excusable de croire qu’il ne faut plus compter sur des améliorations importantes, que l’art est presque arrivé à sa perfection.

Cette opinion, quelque naturelle qu’elle puisse paraître, n’en est pas moins une erreur. L’art des chemins de fer est encore dans l’enfance. »

De ces prémisses M. Arago concluait qu’il fallait bien se garder d’entreprendre simultanément la construction de plusieurs grandes lignes, comme le gouvernement l’avait proposé. Il demandait, lui, que pour profiter des découvertes successives de la science, on n’établît que l’un après l’autre les chemins de fer projetés. Malheureusement, l’illustre rapporteur ne s’en tenait pas là ; et c’était au nom du système des compagnies exécutantes qu’il se prononçait contre le projet de loi. N’osant pas heurter trop violemment de front les compagnies, dont il redoutait la puissance, M. Martin (du Nord) leur avait fait, dans son exposé des motifs, la téméraire concession des lignes secondaires, des embranchements M. Arago prouva que ce partage à l’amiable était absurde ; que, si l’on avait la folie de s’y arrêter, l’État ne pourrait abaisser les tarifs sur une ligne, sans nuire à l’affluence des transports sur