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et les rentiers des relations de dépendance trop étroites, M. Laffitte ne pensait pas que ce fût un mal que d’intéresser les citoyens au maintien de l’ordre traditionnel, par la crainte des éventualités calamiteuses que les révolutions entraînent. Et enfin, pour ce qui concernait l’agiotage, si déplorablement alimenté par les fonds publics, Mr. Laffitte affirmait qu’en rasant là Bourse on ne ferait que déplacer l’agiotage, l’amour du jeu étant dans la nature humaine, comme le prouvaient bien tant de paris extraordinaires, ouverts sur l’échange de presque tous les produits.

On le voit, la conception financière de M. Laffitte avait une valeur incontestable dans son rapport avec l’ordre social que la bourgeoisie avait fondé et voulait maintenir. Mais en proclamant indestructible le temple de l’industrie moderne, en demandant, pour toute réforme, qu’on régularisât le banquet servi depuis si long-temps à d’insoucieux et immobiles convives, M. Laffitte n’avait point pressenti l’avènement de la société future, de celle que notre intelligence conçoit et cherche, de celle que notre cœur devine par dé-là l’horizon ténébreux et borné.

Quoi qu’il en soit, la discussion n’eut, à la Chambre, aucun caractère de grandeur. On se contenta d’opposer des chiffres à des chiffres ; et, tandis que les partisans de la mesure se divisaient sur le choix du mode à adopter, ses adversaires allaient partout sonnant l’alarme et disant, de la conversion au pair, que c’était une spoliation véritable ; de la conversion au-dessous du pair, que c’était un scandaleux encouragement à l’agiotage.