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placement indépendant du capital ? Pourquoi une inégalité aussi monstrueuse, aussi funeste à toutes les classes, par les tiraillements dont elle complique l’œuvre de la production, par les désordres qu’elle enfante, par les haines quelle excite, par les ressentiments qu’elle entretient ? Et si des considérations économiques on passe aux considérations politiques et morales, quelle source nouvelle d’appréhensions ! La perpétuité des fonds publics ! mais c’est l’asservissement indéfini d’une partie de la nation à tout pouvoir mauvais qui suspendrait sur elle la menace d’une banqueroute c’est l’éternité promise à l’agiotage.

On jugera aisément par la nature des objections qui viennent d’être présentées combien était redoutable la portée des questions soulevées par. Laffitte. Lui, cependant, il se montrait tout-à-fait rassuré sur les suites de son système. Loin d’admettre que le mouvement des fonds publics dût être glacé ou arrêté, il le voulait permanent, accéléré, éternel. Suivant lui, il y avait dans la société, des capitalistes peureux, toujours prompts à se cacher. Il y en avait d’autres qui, infirmes, inintelligents, cheminaient d’un pied boiteux vers la production. Si les fonds publics n’étaient pas là pour les séduire, pour les attirer, pour donner à leurs richesses du mouvement et de la vie, qu’en résulterait-il ? Que ces richesses seraient en partie perdues pour l’industrie. Et qui en souffrirait ? Le travailleur. Les fonds publics étaient bien, à la vérité, les Invalides des capitaux ; mais il importait de remarquer que dans cet hospice, les capitaux ne s’y rendaient pas pour