Page:Blanc - Histoire de dix ans, tome 5.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

civil : « Toute rente constituée en perpétuel est essentiellement rachetable » ? Eh quoi ! le droit conféré par le code à chaque citoyen dans son intérêt propre, on osait le disputer à l’État voulant l’exercer dans l’intérêt de tous On rappelait la loi du 9 vendémiaire an VI ? Mais rembourser était-il synonyme de retenir ? Chose étrange on dépouillait les rentiers en leur rendant ce qu’ils avaient prêté, ou, plutôt, ce qu’ils étaient censés avoir prêté ! car, lorsque la loi du 9 vendémiaire fut portée, les rentes ne valaient pas plus de 9 ou 10 francs. Or, c’était pour ces rentes, achetées alors 9 ou 10 francs par quelques-uns des possesseurs actuels, que l’État offrait 100 francs. Et l’on appelait cela une spoliation, une banqueroute déguisée ! Quant au sort des petits rentiers, atteints dans leurs revenus, était-il plus lamentable que la destinée de tant de malheureux cultivateurs, de tant de journaliers, privés de revenu, quelquefois privés de salaire ? Si l’on plaignait le pauvre qui touche une rente, que ne plaignait-on davantage le pauvre, plus pauvre encore, qui la paie ? Que ne descendait-on sur les pas du fisc, qui descend partout, dans ces abîmes de misère d’où sort l’impôt, déplorable trésor dont chaque parcelle représente une souffrance ? Mais non les riches propriétaires et les financiers opulents pourvus de rentes, voilà ceux dont on prenait en réalité la défense en ayant l’air de plaider seulement la cause des petits rentiers. Et la preuve, c’est que les adversaires de l’opération étaient des gens de Cour, des écrivains du Journal des Débats, des banquiers ou amis de banquiers, et les mêmes qui, à la nouvelle