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de barrière au Nord, ni celle du royaume de Sardaigne, qui devait nous servir de barrière au Midi ; il s’allia, contre l’empereur de Russie, qui nous-aimait, à l’Angleterre, qui travaillait ardemment à notre ruine ; il ne put rien, absolument rien, pour le roi de Saxe, notre allié le plus fidèle ; et, au lieu de donner pour voisin à la France, sur les bords du Rhin, une Puissance secondaire, ainsi que la Russie le proposait, il contribua, par imbécillité ou trahison, à établir à nos portes la Prusse, Puissance principale et hostile. Il fut incapable de se maintenir sous la Restauration, à laquelle Fouché lui-même, le régicide Fouché, s’était rendu nécessaire. Il n’eut point de part à l’avènement de Louis-Philippe, tant son influence était nulle en 1830 ! Dans les Conférences de Londres, réduit à un rôle tout-à-fait subalterne, il fut mis honteusement en dehors des délibérations qui avaient pour objet la destruction des forteresses élevées contre la France, et on lui fit signer le traité des vingt-quatre articles, appendice à ceux de 1815. Il ne connut la Quadruple-Alliance qu’après sa conclusion, et il permit qu’on lui en attribuât la pensée. Humilié par lord Palmerston dans sa fatuité de grand seigneur, il se détacha, pour se venger, des Whigs et de l’Angleterre, et prit parti pour la politique continentale, lui à qui d’ignorants panégyristes ont prêté des vues si persistantes et si profondes. Enfin, rappelé de Londres, il fut obligé, pour retenir un reste d’influence, de s’abaisser aux fonctions de flatteur, et il s’attira un jour, de la part de M. Thiers, cette exclamation cruelle : « Que M. de Talleyrand, sous Napoléon, se