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Le ministère, pendant ce temps, déployait une activité souterraine qui le décria et lui réussit. Les ennemis qu’il redoutait le plus, parce qu’il voyait en eux des héritiers, c’étaient les doctrinaires. Sa tactique fut de combattre ténébreusement leur élection en paraissant l’appuyer : manœuvres dont quelquesuns d’entre eux furent victimes, MM. d’Haubersaërt et Giraud, par exemple. Du reste, la corruption électorale, partout mise en pratique, était partout dénoncée. Le préfet du Morbihan trouva dans M. de Sivry un accusateur puissant et passionné. L’ingénieur en chef de la Gironde, M. Billaudel, s’étant présenté comme candidat de l’Opposition, une lettre du ministre des travaux publics lui avait enjoint d’opter entre sa candidature et sa place il renonça noblement à sa place, triompha dans sa candidature ; et le fait, porté par lui à la tribune, vint éclairer d’un jour odieux les moyens employés par le pouvoir pour arriver au succès.

La discussion de l’adresse ne se composa que de redites bruyantes et vaines ; et les commencements de la session n’offrirent de remarquable que l’attitude nouvelle prise par les doctrinaires. Trop faibles pour saisir le pouvoir de haute lutte, trop orgueilleux pour le servir, ils résolurent d’abord de le soutenir en le protégeant. Mais à ce patronage glacé, à cette arrogante soumission, à ces services pleins de menaces et injurieux, qui n’eût préféré la guerre ? La guerre, par conséquent, était au fond des choses elle éclata enfin, d’autant plus vive que les passions ennemies s’étaient plus long-temps contenues.

Ce fut M. Thiers qui en alluma la première étin-