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le récent traité ? Détruire Ahmed, n’était-ce pas délivrer l’émir d’un rival, appeler son influence dans l’Est, le signaler aux Arabes comme le représentant, désormais unique, des haines allumées par la conquête ? Cette considération pesa sans nul doute sur les délibérations du Conseil ; car le comte de Damrémont reçut ordre de négocier avec Ahmed. On lui demandait de rembourser les frais de la guerre, de se reconnaître vassal de la France, de payer tribut. Lui, comptant sur les secours de la Porte, il se retrancha d’abord dans de vagues réponses. Une escadre était partie de Constantinople avec des intentions équivoques : les contre-amiraux Gallois et Lalande lui firent rebrousser chemin. Pressé plus vivement, Ahmed refusa, et l’expédition fut résolue.

Une partie du mois d’août et le mois de septembre furent employés aux préparatifs. De Bone à Constantine, la route se couvrit d’étapes militaires. Ghelma était devenue, sous la direction du colonel Duvivier une véritable place de guerre. Un camp fut établi sur le plateau de Medjez-Amar, choisi comme base des opérations, et ce fut là que, dans les derniers jours de septembre, l’armée se trouva réunie. Elle s’élevait à 13,000 hommes, abondamment pourvus de vivres et de munitions, et traînait avec elle un matériel considérable. Ville de feuillage, coupée de rues tirées au cordeau, le camp de Medjez-Amar présentait, au cœur des plaines désertes qui l’environnaient, une physionomie vraiment féerique. C’était l’ordre dans le mouvement, la régularité dans l’enthousiasme, c’était la guerre