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tous les regards c’était pour avoir voulu la sauver de la guerre civile que M. Thiers avait succombé. Ce fut donc au sujet de l’Espagne que la lutte s’engagea.

Le rôle de M. Molé dans cette querelle n’avait ni éclat ni grandeur : c’est ce que M. Thiers fit ressortir avec beaucoup d’impétuosité. Il prouva que, considéré dans son esprit et non dans ses termes, le traité de la Quadruple-Alliance liait à la conservation de la royauté d’Isabelle les destins de. la monarchie constitutionnelle née en France, de la tempête de juillet ; que l’intervention en Espagne nous était commandée par notre alliance avec les Anglais ; qu’en courant combattre au-delà des Pyrénées don Carlos, l’élu de l’absolutisme, c’était la cause des gouvernements constitutionnels que nous allions soutenir à la face des peuples, et comme il convenait à des Français, fièrement, l’épée àla main que nous ne pouvions abandonner ainsi la Péninsule, sans y perdre notre influence, sans nous amoindrir à l’excès, sans nous priver d’avance de cette bonne et fidèle arrière-garde que l’amitié de l’Espagne aurait à nous fournir si jamais l’Europe coalisée revenait sur nous par les routes du nord. Répondant à ceux qui n’apercevaient aucune différence entre le système du 11 octobre, celui du 22 février, et celui du 6 septembre, qu’il attaquait, « la différence, s’écriait l’orateur, la voici : Le premier n’avait accordé à l’Espagne que des secours insuffisants le second voulait lui en porter d’efficaces, le troisième n’en veut pas donner du tout ». Puis, habile à manier les craintes qu’inspiraient à