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Ainsi, ce n’était pas un siège qu’on pouvait tenter, c’était un coup de main.

L’armée venait d’aborder sur un plateau communiquant avec la ville par un pont très-étroit et elle avait devant elle un ravin large de 60 mètres, des murs de rocher à l’épreuve de la mine et du boulet, une double porte très-forte, et, pour aller jusque-là, une voie étroite exposée au feu des maisons et des jardins.

Au sud était le côté faible de Constantine, la ville en cet endroit n’ayant pour défense qu’un simple mur d’enceinte dominé par le plateau de Koudiat-Aty.

Malheureusement, il était impossible d’y conduire les pièces de 8 sur un terrain où les roues s’enfonçaient jusqu’au moyeu et que coupait l’OuedRummel, grossi démesurément par les pluies.

Le maréchal Clauzel se décida donc à diriger contre la porte du pont l’attaque principale, tandis que, sur son ordre, le général de Rigny se dirigeait avec la brigade d’avant-garde vers les hauteurs de Koudiat-Aty.

Il y avait trois cours d’eau à traverser, outre le Rummel, changé en torrent, et les soldats eurent parfois de l’eau jusqu’à la ceinture. Le vent, d’ailleurs, et la grêle leur venaient à la face avec une telle violence, qu’ils étaient forcés de temps en temps de faire halte et de tourner le dos à l’orage. À peine approchaient-ils des mamelons qui précèdent le plateau de Koudiat-Aty, que de vives décharges partirent des divers points d’un cimetière de musulmans. Abrités par les tombeaux, un grand nombre