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fique. Malheureusement, l’émir ne faisait que cacher sous cet étalage d’intentions pacifiques la témérité de ses désirs ambitieux. Dans le traité du 26 février 1834[1] la souveraineté de la France n’avait pas été expressément stipulée nous semblions y traiter avec l’émir sur le pied d’égalité, et les complications qui pouvaient naître de la délimitation des territoires n’y étaient pas même pressenties Abd-el-Kader tira parti de tout cela en homme supérieur. En traitant avec lui, les Français avaient paru le mettre à leur niveau: il s’en prévalut auprès des siens, et profita de la paix pour se procurer des armes, pour raffermir son influence, pour abattre ses rivaux et, entre autres, Mustapha Ben-Ismaël, pour jeter enfin dans la province d’Oran des bases sur lesquelles pût revivre et se constituer la nationalité arabe.

Or, l’autorité supérieure flottait, à Alger, entre un général en chef provisoire et un intendant civil celui-ci fier de ses connaissances administratives dont il faisait adroitement prévaloir l’empire ; celui-là se défiant trop de ses lumières et n’usant qu’avec réserve d’un pouvoir qu’il savait intérimaire. M. Genty de Bussi était un homme capable ; il avait une intelligence vive et le goût de la domination il s’imposa pendant quelque temps au général Voirol, son supérieur. Mais il finit par perdre son influence faute de l’avoir suffisamment ménagée, irrita des susceptibilités légitimes, et fut rappelé. Le général Voirol ne tarda pas lui-même à uitter l’Afrique, où il laissait de belles routes ouvertes

  1. Voir aux documents historiques, no 6.