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des murailles de la ville, mais qui marquait notre point de départ pour la conquête de Constantine.

Du côté de l’ouest enfin, dans la province d’Oran, nous occupions la ville d’Oran et une lieue de rayon autour de la place le fort de Mers-el-Kébir était en notre pouvoir nous étions d’intelligence avec les Turcs de Mostaganem et, à Tlemsen si les Hadars, qui tenaient la ville, nous étaient hostiles, nour avions pour alliés les Koulouglis, leurs rivaux, qui tenaient la citadelle.

Mais, du fond de cette province d’Oran, allait se lever un homme qu’attendait la plus éclatante destinée et dont nous devions fonder nous-mêmes la puissance ennemie. Le commandement, qui a un caractère purement politique chez les Arabes de l’est de l’Algérie, et un caractère féodal chez ceux du sud, le commandement n’est guère, chez les Arabes de l’ouest, qu’une sorte de théocratie, et le pouvoir s’y perpétue dans les familles des marabouts. Fils d’un marabout renommé parmi les Arabes pour sa piété, Abd-el-Kader avait été de bonne heure présenté aux tribus du pays de Mascara comme le libérateur futur de la terre d’Afrique, comme le vengeur de l’islamisme insulté. Et il ne manqua pas à ce rôle. Il était ambitieux avec prudence, plein de décision, intrépide et rusé il avait des passions profondes et le fanatisme pour auxiliaire il fut soldat, il fut prophète. À sa voix, les populations s’enflammèrent. Les Arabes de la province d’Oran, courbés sous la main de fer du général Boyer, respirèrent sous le gouvernement, plus doux, du général Desmichels mais Abd-el-