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l’extrême-onction au roi mourant. La messe fut ensuite célébrée près de son lit. Accablé par le choléra, Charles X priait encore. L’évêque d’Hermopolis étant venu le consoler et l’encourager dans ces heures d’angoisse, il se montra calme, résigné au départ, et s’entretint sans trouble des choses de l’éternité. Quelques instants après, on lui amena, pour qu’il les bénît, le duc de Bordeaux et sa sœur. Alors, étendant sur leurs têtes ses mains tremblantes : « que Dieu vous protége, mes enfants, dit-il ! marchez dans les voies de la justice… Ne m’oubliez pas… Priez quelquefois pour moi. » Dans la nuit du 5 novembre, il tomba dans un anéantissement profond. Il n’appartenait plus au monde extérieur que par un léger mouvement des lèvres. On commença de réciter autour de lui les prières des agonisants. Enfin, le 6 novembre (1836), à une heure et quart du matin, sur un signe du docteur Bougon, chacun se mit à genoux, des gémissements étouffés se firent entendre, et le Dauphin s’avança pour fermer les yeux de son père.

Le 11, les portes du Graffenberg s’ouvraient pour les funérailles. Le char, entouré de serviteurs tenant des torches, était précédé par le prince-archevêque de Goritz. Les ducs d’Angoulème et de Bordeaux suivaient, vêtus de manteaux noirs, l’un sous le titre de comte de Marnes, l’autre sous celui de comte de Chambord et, parmi beaucoup d’étrangers, quelques Français. Des pauvres marchaient en avant avec des flambeaux. Le corps fut porté au couvent des Franciscains, situé sur une hauteur, à peu de distance de la ville. Ce fut là, dans un sé-