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baïonnettes ; là les artilleurs penchés sur leurs mousquetons et prêts à faire feu ; au-dessus, et le long des remparts, le peuple se répandant en vœux pour le prince et accablant l’infanterie d’une grêle de pierres, au milieu des clameurs confuses, du roulement des tambours, du cliquetis des armes et du piétinement des chevaux.

Mais tout cela fut de courte durée. C’est être vaincu, dans une insurrection, que de tarder à vaincre. Quelques coups de fusil tirés en l’air, sur l’ordre du lieutenant-colonel Taillandier, intimidèrent le peuple. MM. de Gricourt et de Querelles avaient proposé à Louis Bonaparte de lui frayer un passage l’épée à la main : il repoussa l’offre et fut arrêté. « Rendez-vous ! » criait-on en même temps au colonel Vaudrey. Et lui de refuser. Mais M. Taillandier s’étant approché et lui ayant dit à voix basse que la révolte passait dans la ville pour un mouvement légitimiste, il ordonna enfin à ses canonniers de se retirer et il se rendit.

C’en est fait : le général Voirol s’est échappé. Le commandant Parquin se présente à la caserne Finckmatt en uniforme de maréchal de camp : on le saisit, on l’entraîne, et il a la douleur de se voir arracher une de ses épaulettes sans pouvoir se venger d’un tel outrage. Le 3ed’artillerie était en marche la nouvelle de l’arrestation du prince le disperse. À leur tour, les pontonniers conduits par Laity se débandent, et leur chef, dans un accès de noble désespoir, court partager le malheur du prince dont il n’a pu sauver la fortune. Mme Gordon est surprise livrant aux flammes des papiers rem-